DAX (Landes) . église Saint-Vincent-de-Xaintes

L'église du xie siècle

La basilique du vie siècle dont on peut ainsi définir quelques-unes des particularités avait-elle survécu à toutes les vicissitudes du haut Moyen Âge, ou avait-elle été reconstruite au cours des siècles ? Rien ne permet de l’affirmer, mais en toute hypothèse, ce n'est pas avant le début de l'époque romane que fut élevé l'édifice en moyen appareil que les auteurs du siècle dernier ont attribué à l'évêque Gombaud, frère du duc de Gascogne Guillaume Sanche, dont ils avaient cru reconnaître les armes dans le chrisme surmontant la porte d'entrée principale de l'église.

De cet édifice, les seuls éléments d’architecture connus avec certitude appartenaient encore aux parties orientales : en 1891, lors de la démolition de l'église du xvie siècle, on avait pu constater que les murs de son abside avaient été élevés sur des fondations construites en «grand appareil» sur un plan semi-circulaire de quelque 13 ou 14 m de diamètre : ces maçonneries, que l'on ne pouvait hésiter à rattacher à l'église romane, enveloppaient le chevet du haut Moyen âge, mais l'intervalle séparant les deux murs avait été comblé afin de transformer le chœur primitif en une crypte surmontée d'un sanctuaire surélevé. Dans le prolongement de cet ensemble, des remblais avaient enseveli sous le nouveau chœur et la nouvelle nef les bases et la partie inférieure des fûts de colonnes de l'ancienne basilique.

Les autres éléments découverts en 1854 et en 1891 étaient beaucoup plus difficiles à interpréter et, comme la description qui en a été donnée est très peu précise, il est aujourd'hui impossible d'en donner une explication quelque peu assurée. Il semble cependant qu'à la différence de la nef du xvie siècle, qui était plus étroite que le chœur, celle qui fut édifiée à l'époque romane atteignait une largeur de 18 m environ : si l'on accepte l'identification et la datation des maçonneries qui ont été proposées par A. Dompnier, on peut en outre considérer que, près de son extrémité occidentale, elle était flanquée de part et d’autre de constructions rectangulaires et prolongée par une vaste bâtisse terminée par un mur courbe. Le plan ainsi dessiné n'est pas sans rappeler celui de certains ensembles occidentaux comportant un transept et un chevet qui ont été élevés à l'époque carolingienne ou au début de l'époque romane. Mais la date avancée dans le xie siècle que semblent indiquer les procédés de construction et les éléments sculptés conservés ne permet pas de retenir une telle hypothèse : si ces constructions ont bien appartenu à l'église romane, elles peuvent avoir constitué une sorte de porche et des dépendances élevés à une date indéterminée.

C'est dans ces parties, mais dans un endroit qui n'est pas exactement précisé, que se trouvait le chrisme, aujourd’hui disposé au milieu d'un tympan sous un arc en plein cintre, c'est-à-dire sans doute à sa place originelle au-dessus de la porte de l'église romane. On pouvait enfin rattacher au même édifice deux autres éléments : une plaque portant en relief une partie de l'inscription tumulaire de l'évêque Macaire et un chapiteau de grès attenant à une portion de colonne qui avait été pris dans les maçonneries d'une sacristie tardive. C'est ce chapiteau qui, avec le chrisme de nouveau remployé au-dessus de la porte occidentale de l'église actuelle, peut, aujourd'hui, par des comparaisons avec des œuvres semblables d'autres édifices, apporter quelque indication sur la date à laquelle a été élevée l'église romane Saint-Vincent.

Le chapiteau