DAX (Landes) . église Saint-Vincent-de-Xaintes

Un peu d’histoire

« Qu’il soit bien connu de tous, présents et à venir, que Raymond de Bazas [l’Ancien], auquel presque toutes les églises cathédrales de Gascogne étaient soumises par le pouvoir épiscopal, Gui [Geoffroy Guillaume], duc d’Aquitaine [et de Gascogne], et d’autres seigneurs gascons, à savoir Raymond-Arnaud [fils du vicomte de Dax], son frère Garsie-Arnaud et Dodon d’Œyreluy, mus et enflammés par un dessein sage et certainement d'inspiration divine, voulant déplacer le siège de la sainte église de Dax, réunirent tous les grands dudit territoire, pour prendre leur avis ; promettant et confirmant par un serment solennel sécurité et liberté perpétuelles à cette église, ils la transférèrent du lieu où elle se trouvait depuis longtemps, c’est-à-dire de Saint-Vincent[-de-Xaintes], la fixèrent et l’établirent à l’intérieur des murs de la cité de Dax, et ordonnèrent et prescrivirent par leur ordonnance qu'elle serait établie là pour toujours et entourée d’une sainte vénération. »

En rapportant dans ces termes le transfert intra muros du siège épiscopal de Dax dans les années 1056-1057, l’acte n° 1 du Livre rouge de la cathédrale de Dax reconnaît à l’église Saint-Vincent-de-Xaintes, élevée à quelque 400 m à l’extérieur de l'angle sud-ouest de l'ancien rempart antique de la cité, la dignité d’avoir accueilli de longue date ce siège. Pour expliquer cette dignité, plusieurs textes, pour la plupart légendaires, ont situé en ce lieu un temple, dans lequel auraient été déposées les cendres du premier évêque de Dax, Vincent. Après une période d'oubli, ces reliques ayant été miraculeusement identifiées par la vierge Maxime, l'évêque Gratianus, qui assista au concile d'Agde de 506, aurait consacré l'édifice au culte chrétien ou élevé à sa place une basilique nouvelle.

Si le martyre de saint Vincent à Dax est mentionné dans un passage interpolé à une date indéterminée dans un manuscrit du viiie siècle conservé à Wolfenbüttel, il était en revanche ignoré de Grégoire de Tours, et l’on peut penser que c'est au plus tôt vers le xe siècle qu'a pu se former une légende destinée à expliquer l'origine du culte célébré depuis plusieurs siècles dans l'église Saint-Vincent. À cette époque en effet, on vénérait en ce lieu les reliques du saint, alors renfermées dans un grand sarcophage de marbre qui est parvenu jusqu’à nous.

Vers 1120, l’église Saint-Vincent fut donnée avec toutes ses dépendances à l'abbaye de la Sauve-Majeure par l'évêque Guillaume de Heugas ; cette donation, sur laquelle l'évêque avait aussitôt tenté de revenir, dut être renouvelée un peu plus tard sous la pression du légat pontifical Gérard d'Angoulême, et elle devait être de nouveau confirmée par le pape Calixte ii.

En 1558, le comte de Candale, dans l'espoir de défendre plus efficacement la ville de Dax, menacée par l’avancée de troupes espagnoles, fit démolir l'édifice qui, repris peu après d'une manière médiocre, a dû être entièrement reconstruit à la fin du xixe siècle.

à cette occasion, des fouilles ont été menées sous la direction de deux membres de la Société de Borda, J.-Eugène Dufourcet et Georges Camiade : bien que les résultats n'aient fait l'objet que d'un compte rendu sommaire et dans lequel l'hypothèse tenait trop de place, ces fouilles ont permis de préciser et souvent de compléter les renseignements qui avaient déjà été recueillis un demi-siècle plus tôt. En 1854 en effet, des travaux de déblaiement entrepris «pour les besoin de l'agriculture» avaient permis de découvrir, outre des sarcophages et de nombreux objets, de «vieux blocs de maçonnerie» formant «un réseau inextricable». Auguste Dompnier, qui avait tenté d'en lever le plan, n'avait pu parvenir à «coordonner» ces maçonneries et avait dû se «borner à relever les principales et celles qui lui paraissaient s'harmoniser entre elles avec le plus de facilité».

 

Les trois premiers édifices