DAX (Landes) . église Saint-Vincent-de-Xaintes

Les trois premiers édifices


Plan historique
     La gravité des destructions subies au cours des siècles, le manque de rigueur avec lequel ont été effectuées les deux séries de fouilles du xixe, l'imprécision de leur publication et enfin le peu de sérieux des diverses légendes qui prétendent relater l'histoire de saint Vincent et de l'église qui lui est dédiée rendent bien aléatoire toute hypothèse sur les édifices qui ont pu se succéder en ce lieu. Pourtant, de l'ensemble des renseignements très divers que l'on peut recueillir de toutes ces sources, il semble que quelques lignes de force parviennent à se dégager.
 

Le premier édifice. Temple, ou villa antique ?

Au cours des fouilles de 1891-1892, on avait découvert, à l'intérieur du chevet reconstruit au xvie siècle et des vestiges des chevets antérieurs, un rectangle de mosaïque (fig. xx) ayant fait partie d'un panneau quatre fois plus étendu, sur lequel avaient été posés plus tard quatre socles cruciformes à noyau cylindrique. Au sud-ouest de ces éléments, une double rangée de quatre colonnes de marbre semblait en place.


Mosaïque antique

 

Pour J.-E. Dufourcet et G. Camiade, la mosaïque devait correspondre à la cella du temple païen auprès duquel la légende situait le martyre de saint Vincent. Quant à la double colonnade, elle devait former un «péristyle» et l'on pouvait imaginer qu'il en avait au moins existé une semblable du côté nord.

Cependant, un doute était jeté sur la valeur des traditions qui fondaient toutes ces hypothèses, car les deux auteurs n'étaient parvenus à associer à ces vestiges aucun élément de maçonnerie de quelque importance : si le plan publié en 1854 par A. Dompnier révélait, à une distance de 9 à 13 m au sud-est de l'église, deux murs perpendiculaires l'un à l'autre et, plus au sud, des «fondations... appartenant à diverses époques », toutes ces maçonneries semblaient devoir être attribuées à l’église qui aurait été élevée par Gratien au vie siècle, et par celle que l’on a attribuée à l’évêque des Gascons Gombaud au xe.

Pourtant, les caractères du plus grand des fragments conservés au sud-est auraient dû retenir l'attention : en effet, ce mur, légèrement courbe et orienté du sud-ouest au nord-est, était fait de blocage, mais il comportait sur sa face concave un parement de petits moellons réguliers et une sorte de niche surmontée d'un arc appareillé en plein cintre de diamètre un peu inférieur à la largeur des piédroits. A. Dompnier voyait dans ce dernier élément une «fenêtre» ou une «croisée», mais un dessin qu'il a publié montre qu'il s'agissait sans doute simplement d'un arc de décharge surmontant le linteau d'une niche. Ce détail, ainsi que l'appareil régulier utilisé et les proportions mêmes de ces vestiges, semble permettre de leur attribuer une origine antique. En outre, ces particularités et surtout la distance qui sépare tous ces éléments et ceux qui, dans la partie sud-ouest, peuvent sans doute leur être encore associés, semblent moins correspondre au temple que l'on a voulu y reconnaître, qu'à une simple villa du Bas-Empire. Cette villa étant située à l'extérieur de la ville close et ayant donc été bientôt ruinée, a dû, comme souvent, accueillir dans ses murs un cimetière auquel la proximité de la cité a assuré un grand développement, et qui devait plus tard donner à l'église Saint-Vincent son nom – de Sanctis.

Une basilique du haut Moyen âge

Après avoir ainsi retiré à l'église de Gratien quelques-unes des maçonneries que A. Dompnier, puis J.-E. Dufourcet et G. Camiade lui avaient attribuées, on doit sans doute lui rattacher plusieurs éléments que les deux auteurs de L'Aquitaine historique et monumentale avaient cru pouvoir associer à la mosaïque du «temple», et, selon l’analyse qu’en a faite Catherine Balmelle, cette mosaïque elle-même. En effet, les quatre colonnes de marbre disposées en deux files parallèles qui, lors des fouilles de 1891-1892, étaient apparues encore appuyées sur leur base à l'intérieur des maçonneries des gouttereaux de la nef du xvie siècle, et les quatre autres qui subsistaient dans le chœur sur le même alignement se trouvaient dans le prolongement d'un mur de 0,60 m d'épaisseur qui dessinait une abside à sept pans. Si les deux auteurs n'ont pas jugé utile d'indiquer les procédés de construction qui avaient été utilisés pour cette abside, on sait en revanche qu'elle ne comportait pas de contrefort, et que sa largeur intérieure atteignait pourtant près de dix mètres ; en outre, sa situation oblige certainement à la mettre en relation avec les colonnes de marbre qui devaient sans doute séparer les trois nefs de l'édifice auquel elle appartenait.


Chapiteau du Bas-Empire

Cette utilisation de colonnes de marbre dans une nef suggère bien évidemment une datation très haute, qui se trouve du reste confirmée par les caractères des chapiteaux et des fragments découverts au voisinage de ces vestiges : en effet, si la fidélité au type corinthien que présentent certains de ces éléments permet sans doute de les attribuer, comme l'ont fait les auteurs de L'Aquitaine, à un édifice antique, c'est-à-dire, selon nous, à la villa du Bas-Empire, l'un d'entre eux est en revanche manifestement un peu plus tardif, et il peut


Chapiteau du vie siècle

donc certainement être rattaché à l'église que Gratien aurait édifiée au vie siècle, une date qui pourrait être celle où le culte de saint Vincent a été introduit en ce lieu.

L'église du XIe siècle