PERQUIE

Église Notre-Dame de l’Assomption


Transept, nef et clocher vus du sud

        En 1108, le vicomte de Marsan, Loup-Aner, et sa femme Garsie fondèrent à Perquie un monastère, ils le dotèrent de revenus et en firent don à Geoffroy, abbé de la Sauve-Majeure, qui y établit un prieuré. La présence de cette communauté justifia bientôt la construction d'une église de dimensions imposantes.
     L'analyse architecturale de l'édifice actuel est rendue difficile par les nombreuses réfections qu’il a subies, et en particulier celle qui a été réalisée dans les années 1860 par l'architecte Ozanne, dans le contexte local très particulier qui a marqué aussi, à la même époque, la restauration de l'église Saint-Martin de Gaube, également dans Perquie.
         La commune était suffisamment riche pour mener simultanément, et presque exclusivement sur ses propres finances, la restauration et la reconstruction partielle des deux édifices, réalisées respectivement en 1867-1868 et 1867-1869.
       Mais dans les deux cas, le maire, Camille de Muret, personnalité très forte et très influente, parvint à imposer à Ozanne des modifications du projet qui allaient entraîner

des travaux bien plus importants et coûteux que ceux qui avaient été prévus initialement.

À Perquie, le parti adopté peut être qualifié d'archéologique. En effet, on se contenta pas de réparer des éléments dégradés, d'édifier un clocher et d'agrandir la sacristie, mais on résolut aussi d’exhausser la nef, ce qui permit de la couvrir, de même que la croisée, de voûtes d’ogives en briques, sur des arcs en pierre ; des pilastres et contreforts également en pierre furent engagés dans les murs pour renforcer l’ensemble.


Abside, absidiole et bras sud du transept

     Cette transformation du volume intérieur de l’édifice a eu également l’intérêt d'en accentuer la monumentalité en établissant une nette hiérarchisation des volumes extérieurs en cinq niveaux : sacristie, absidioles, abside et bras du transept, croisée du transept et nef, le tout dominé par le clocher.
     Les éléments refaits sont bien reconnaissables dans les parties hautes de la nef, du transept et du chevet, aux encadrements des fenêtres et dans les chaînages d'angle. En revanche, ils se distinguent mal dans les autres parties, qui présentent un aspect très dégradé et médiocre, aussi bien dans le moyen appareil en calcaire coquillier du chevet que dans l’appareil de plus grandes dimensions occupant la base du mur nord de la nef.
     L’édifice ainsi transformé a gardé son plan originel en croix latine : son transept déborde largement sur la nef unique ; au chevet, l'abside, peu profonde, est encadrée de deux absidioles qui s'ouvrent sur les bras du transept.
 


Abside et croisée du transept

     L'abside principale est voûtée d'un cul-de-four précédé d’un arc qui repose sur des colonnes engagées, alors que celui des absidioles retombe sur des pilastres. On retrouve des colonnes à l'entrée des bras du transept, et des pilastres sur dosseret dans la nef de deux travées. Les deux bras sont couverts d'un berceau en plein cintre, la croisée et la nef des voûtes d'ogives édifiées au xixe siècle dans le style du xiiie. à l'angle du bras sud et de la nef, un escalier à vis permet d'accéder au clocher.


Absidiole et bras sud du transept

Les quatre baies allongées de la nef n'ont été percées qu'au xixe siècle.

À l'extérieur, les modillons d'un modèle uniforme qui courent sous la corniche ne datent eux aussique de la restauration du xixe siècle. À l'intérieur en revanche, les chapiteaux des colonnes sont pour la plupart anciens, mais ils ont été en partie refaits en plâtre. Les quatre des angles nord-est et sud-est du transept sont de type corinthien à feuilles lisses, parfois ornées de boules à leur extrémité. Celui du pilier nord-ouest présente une restitution fantaisiste. Enfin, celui du pilier sud-ouest offre un thème plus intéressant, des lions dressés sur leurs pattes antérieures et affrontés sous les angles.

Le mobilier

Il ne subsiste du mobilier antérieur à la Révolution que deux éléments : à l'intérieur du transept, entre l'abside et l'actuelle chapelle de la Vierge, un fût de colonne antique en marbre a été complété au xixe par une base et un chapiteau de pierre pour porter une statue de la Vierge ; donné en 1849 par la famille de Ravignan, il pourrait provenir du site de l'ancienne église de Rimblès. Dans la sacristie, un tableau de belle qualité dû au peintre auscitain Smets (actif de 1746 à 1781) représente Saint Pierre aux Liens. Il provient de la petite église de Lusson dans la même commune.

Les autres éléments sont l’œuvre du siècle dernier, et ils constituent avec le décor peint à la même époque un ensemble particulièrement homogène.

Les peintures murales soulignent les éléments structurels, pilastres, chapiteaux, ogives, formerets et clefs de voûte, et elles comportent un étonnant bandeau qui court sur les murs de la nef et du transept et réunit les bas-reliefs de plâtre formant les stations du Chemin de Croix.

Le mobilier compte deux pièces majeures, qui sont dues toutes deux à Minvielle, sculpteur à Tarbes : le maître-autel et la chaire. Le maître-autel «en bois, pierre et plâtre» est adossé à un massif de maçonnerie supportant le tabernacle carré et les deux ailes à trois degrés chacune qui l’encadrent. L’ensemble prend ses références décoratives dans la tradition romane. Les figures sculptées sont réservées aux parties principales, le devant d'autel et le tabernacle ; des rinceaux gravés rehaussés d'or ornent le reste.


Chaire

       La chaire est exceptionnelle par ses dimensions ; une véritable tourelle est juxtaposée à la cuve hexagonale pour abriter l'escalier ; la cuve supportée par une colonne est simplement décorée de rinceaux gravés et rehaussés d'or, à l'exception du panneau central où s'incruste un bas-relief de plâtre moulé représentant le Christ enseignant ses disciples.
       D'autres éléments sont à signaler, bien que de moins bonne facture : l'autel de la Vierge, postérieur à 1906, dans la chapelle sud, les deux confessionnaux de style néo-roman, les fonts baptismaux en marbre, les tables saintes des chapelles latérales, la grille de la tribune et celle, monumentale, du porche.
      Cet ensemble décoratif et mobilier a sans doute bénéficié de la proximité du château de Ravignan où, à la fin du xix
e siècle, un grand chantier d'agrandissement et d'embellissement attirait menuisiers, peintres en décor et ferronniers d'art.
         On peut aussi remarquer à l’extérieur un calvaire dont le Christ est représenté vivant, comme le célèbre Volto Santo de l’église italienne de Lucques.

 

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 Date de mise à jour : 09.02.2003