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LE XIIe SIèCLE, et le triomphe de l’art roman

L'abbatiale de Saint-Sever et son rayonnement

Les influences venues de l'extérieur

 

L'abbatiale de Saint-Sever et son rayonnement

 

Durant les trois dernières décennies du xie siècle et au début du xiie, alors même que l'on continuait d'utiliser pour la plupart des constructions des procédés et des partis traditionnels, un chantier d'une ampleur considérable s'est ouvert à des techniques et à des conceptions toutes nouvelles.

 

     Sur la rive gauche de l'Adour, à quelque distance du castrum de Morlanne, l’abbaye de Saint-Sever, créée en 988 , avait été favorisée par d'importantes donations de son fondateur, le duc Guillaume Sanche, et de ses fils, et elle avait connu un grand développement sous le gouvernement de l’abbé Grégoire de Montaner (1044-1072). Après une sévère destruction vers 1065, la reconstruction de son église fut menée assez activement pour permettre une consécration partielle célébrée par Grégoire lui-même. Le parti vaste et complexe alors adopté était associé à une élévation et à des procédés assez traditionnels, et la sculpture en était sans doute totalement absente.
     Dès les années 1075-1080, l’arrivée sur le chantier d’un maître d’œuvre et de sculpteurs nouveaux allait profondément modifier ce parti encore très archaïque, en
ajoutant encore à sa complexité et à son harmonie, et surtout en le dotant d’un décor sculpté particulièrement remarquable.

Saint-Sever. Parties nord du chevet
     Enfin, vers la fin du même siècle, des artistes fortement influencés par les recherches menées alors à Saint-Sernin de Toulouse et sur d’autres chantiers du Languedoc et d‘Espagne allaient apporter des conceptions très proches de « l’art du Pèlerinage ».


Saint-Pierre-du-Mont. Abside

     En dépit de la perfection et de l’harmonie obtenues dans la synthèse de tous ces éléments, le parti général et les diverses dispositions architecturales adoptés à Saint-Sever étaient trop exceptionnels pour pouvoir exercer une influence significative sur d’autres chantiers. Il n’en a pas été de même pour le décor sculpté, dont certaines caractéristiques se retrouvent dans des édifices parfois fort éloignés - dans le Béarn, l’Armagnac, le Condomois, en Agenais, dans l’Entre-deux-Mers, et jusqu’à Soulac -, mais surtout dans des églises dépendant de l’abbaye - Saint-Pierre-du-Mont, Bostens, Mimizan -, dans d’autres églises monastiques - Hagetmau, Saint-Loubouer, Sorde-l’Abbaye, le Mas d’Aire, Lagrange -, et enfin, sous des formes plus évoluées et souvent plus maladroites dans une foule d’autres édifices moins importants.

 

Les influences venues de l'extérieur

La répartition et la datation des édifices landais ainsi marqués par l’art de Saint-Sever montre que, pour intense qu’il ait été, le rayonnement de l’abbaye s’est surtout exercé dans la partie orientale du département, et qu’elle n’a guère dépassé le premier tiers du xiie siècle. Dans la même période, c’est en revanche une tout autre influence que l’on perçoit dans le décor de quelques édifices de l’ancien diocèse de Dax : les chapiteaux de l’arcature extérieure de l’abside construite vers 1120-1130 à Saint-Paul-lès-Dax, les modillons du chevet de Saubrigues, plusieurs chapiteaux de Sorde-l’Abbaye présentent des motifs et des caractères très proches de ceux que l’on peut observer sur quelques ensembles navarrais, le portail de Leyre en particulier.

 

Saint-Paul-lès-Dax. Chapiteau de l'arcature

   Saint-Paul-lès-Dax. Baiser de Judas

 

Plus tard, ces diverses formes se mêleront à d’autres, venues des régions voisines, dans une sorte de fonds commun, souvent mis en œuvre par des sculpteurs moins inventifs ou moins habiles. Le prestige des grands édifices romans de l’époque antérieure explique sans doute le succès durable des formules décoratives ainsi élaborées : dans nombre d'églises plus modestes, on demeure fidèle, jusqu'au début du xiiie siècle, à des partis généraux assez simples et traditionnels : chevets plats sans contreforts, absides semi-circulaires, comme à Beaussiet dans le Marsan, chevets réduits à une portion de cercle, comme à Herré et à Vielle-Soubiran dans la région du Gabardan, nefs charpentées ; dans certains de ces édifices, les éléments sculptés demeurent nombreux sur les fenêtres encadrées de colonnettes, et surtout sous les arcatures doublant l'intérieur et parfois l'extérieur des absides.

Les tendances conservatrices qui semblent ainsi caractériser l'art de cette période en pays landais ne se manifestent pas seulement dans les édifices les plus modestes. On les retrouve à la même époque sur quelques chantiers plus importants, comme Notre-Dame de Pimbo dans le Tursan, et surtout Notre-Dame d’Arthous dans le Pays d’Orthe, ornée par des sculpteurs de grand talent.

 

 


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  Un xixe siècle sous influence
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