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Le Beatus de Saint-Sever

L’influence exercée par le Commentaire dans la liturgie et la spiritualité


La Femme montée sur la Bête (fol. 52 v°).

    Les préoccupations apologétiques de l’auteur du Commentaire ne doivent pas faire oublier le contexte liturgique dans lequel il s’est inscrit. Dès 633 en effet, le canon 17 du ive Concile de Tolède avait décidé que, sous peine d’excommunication, le livre de l’Apocalypse serait lu à l’église de Pâques jusqu’à la Pentecôte, et il devait en être ainsi durant toute l’histoire de la liturgie wisigothique, dite plus tard mozarabe.

      Cette place accordée à l’Apocalypse dans la liturgie et donc dans les homélies a sans doute marqué la dévotion du peuple, et surtout la spiritualité des monastères. Parce qu’il est le dernier de la Bible, ce livre marque la fin de l’histoire et le commencement du royaume éternel de Dieu, dont il décrit les conditions, et en particulier les luttes terribles qui devront être menées contre le Mal, l’Antéchrist et tous les autres agents de Satan. Le Commentaire et ses copies successives se sont ainsi inscrits dans le contexte d’une époque marquée non seulement par l’hérésie adoptianniste, mais aussi par le millénarisme, et plus généralement par un bouillonnement d’idées, de doctrines, de conflits théologiques de toutes sortes. Mais il prendra un relief particulier aux xe-xiie siècles, lorsque l’affrontement aux forces du Mal prendra la forme particulière de la Reconquête et de la Croisade contre les musulmans.

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