Passion et Résurrection

Recherches d’art contemporain

Catalogue d’exposition. Dax, Chapelle des Carmes, 27 septembre – 9 novembre 1997

Si, depuis cent ans, «on avait confié des églises à décorer à Daumier, à Van Gogh, à Gauguin, à Cézanne, à Seurat, à Degas, à Manet, à Rodin ou à Maillol, si on avait ”parié pour le génie”, imagine-t-on ce que seraient aujourd’hui nos églises françaises ?» (M.-A. Couturier)

Au terme de longs siècles passés dans la dépendance des Églises et des puissants et au service de leur gloire ou de leurs idéaux, l’Art parvient enfin au cours du xixe à une réelle autonomie. Mais la hardiesse avec laquelle s’exprime souvent cette liberté nouvellement acquise va rapidement entraîner un isolement et une perte d’influence des artistes les plus créateurs. Le public - tout particulièrement le public chrétien - se détourne d’images qui le déconcertent, tandis que l’art officiel s’enferme dans le conformisme, et que les églises s’emplissent d’œuvres médiocres produites en série.

Il faudra attendre les années 1930, et surtout 1940 et 1950, pour qu’une réaction s’amorce, en particulier dans un cercle de religieux et d’artistes formé autour de la revue de L'Art Sacré. Mais si ce mouvement est parvenu à susciter l’intérêt de quelques créateurs de grand talent et d’une petite minorité de fidèles, s’il a obtenu la réalisation de quelques ensembles hautement emblématiques - les églises d’Assy et de Ronchamp, la chapelle de Vence... -, la plus grande partie du peuple chrétien comme du clergé devait l’ignorer ou résister à son influence, et demeurer fidèle à l’art «saint-sulpice».

Vers la fin des années 1950 et au début des années 1960, cet élan s’épuisait lentement ; le Concile Vatican II allait lui porter le coup de grâce. Les idées fondamentales qui devaient susciter un renouveau dans beaucoup de domaines ont eu, dans celui de l’art, des conséquences désastreuses : mal compris et brutalement appliqués par des responsables locaux peu avertis, la volonté d’un retour à des origines imaginées comme «primitives», le souhait de rompre avec les fastes et le triomphalisme du passé pour retrouver une «Église servante et pauvre», enfin, un souci d’œcuménisme, et en particulier de rapprochement avec les courants réformés les plus hostiles aux images ont eu pour effets immédiats l’arrêt de la plupart des programmes de décoration des églises, mais aussi la mise à l’écart ou la suppression de nombreux éléments de décor existants, quelle qu’en soit la qualité artistique ou l’intérêt iconographique.

Dans le même temps, le manque de moyens et le goût de l’«authentique» conduisaient à adopter des partis de restauration dont l’austérité touchait souvent à l’indigence.

Nous sommes aujourd'hui parvenus à un point extrême, où, en dépit d’initiatives aussi fortes que celles menées par Gilbert Delaine à Dunkerque, les réalisations sont aussi rares que souvent insignifiantes, à l’image d’une société - et d’Églises - qui hésitent entre le découragement et la fuite dans des mondes d’illusion.

C’est contre cet abandon que la démarche dans laquelle s’inscrivait cette Exposition voudrait, avec autant de modestie que d’ambition, marquer sa réaction.

Dans une région demeurée en grande partie en marge de la plupart des courants artistiques contemporains, mais aussi des élans de renouveau de l’art religieux, la tâche est d’importance. Il s’agit tout d’abord de faire découvrir et accepter par un public aussi large que possible des œuvres contemporaines sans doute difficiles, mais de grande qualité. Il s’agit ensuite de rendre ce même public sensible à la signification profonde de ces œuvres, à leur capacité à exprimer des réalités véritablement spirituelles - l’évocation d’une foi, une invitation à la prière, peut-être une expérience mystique personnelle...

Pour parvenir à ce double résultat, une voie, ouverte jadis par le Père Couturier et l’Art Sacré, et adoptée plus récemment par Gilbert Delaine, s’imposait : s’adresser à des artistes de valeur, dont certains ne partagent peut-être pas la foi chrétienne, mais qui tous sont prêts à s’engager dans une véritable aventure d’ordre spirituel, en leur demandant de créer des œuvres originales répondant à un thème donné. Dans le cas présent, le thème proposé est celui de la Résurrection, invitation à l’Espérance et promesse de ce Renouveau annoncé par Jésus pour notre temps, comme pour tous les temps de l'histoire de l'humanité.

L’accueil presque unanimement favorable, sinon même enthousiaste, rencontré par cette demande est à lui seul un puissant gage d’espérance. Il témoigne de l’aspiration de nombre d’artistes comme de nombre d’hommes de cette fin de siècle à ce «supplément d’âme» aujourd’hui plus que jamais nécessaire.

La démarche ainsi entreprise devait être diverse, parfois divergente, toujours sincère. Le parti proposé par Lydie Arickx de l’exprimer sur de grands cahiers a permis de l’inscrire dans la durée, de lui donner toute son ampleur, tout son développement.

Afin de stimuler la recherche ainsi menée par les artistes, et d’élargir encore l’horizon ouvert devant les visiteurs, une confrontation avait été ménagée entre ces œuvres évoquant la Résurrection, et quatorze autres, également très diverses, qui appartiennent à la prestigieuse collection de la Passion de Dunkerque.

 

 

LA PASSION

Les 14 œuvres qui étaient présentées appartiennent à la Passion de Dunkerque réunie par Gilbert Delaine, et qui sera bientôt exposée de manière permanente à Lille, dans la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille.


 

Luciano Castelli

Passion - Christus - 200 X 200 - 1987

Huile sur toile et fil de fer barbelé

Étienne Sandorfi

Crucifixion - 195 X 195 - 1985

Acrylique sur toile

 

 


 

† Orlando Pelayo

Crucifixion - 200 X 200 -1987

Huile sur toile


 

† Andy Warhol

The last supper - 70 X 50 - 1986

Huile sur toile

 

 

Résurrection

Les dessins et peintures représentés sont extraits de 11 ensembles réalisés sur des cahiers de papier de lin de format ouvert 102 X 60.

L’Exposition comptait également cinq sculptures exécutées selon des techniques et dans des matériaux divers.

Toutes ces œuvres avaient été spécialement créées par des artistes du Sud-Ouest.
 


 

Bruno Aguerre

Cahier de 8 feuilles. 8 peintures


 

Gilda Alamo Vilaboa

José Ramón Alejandre Cearsolo

Cahier de 8 feuilles. 14 compositions


 


 

Jacques Fauché

Cahier de 7 feuilles. 14 dessins


 

Jacques Lasserre

Résurrection

Sculpture en bois de frêne. 142 X 60 X 50

 

  

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Date de dernière mise à jour : 29/05/14